Voici notre production d’écrit collective pour ce concours d’écriture qui nous a pris 6 séances. Nous avions pour impératifs de rédiger la suite de l’introduction écrite par Aurélie Valognes, marraine de l’édition 2024, de bien respecter le thème du concours « Un pour Tous, Tous pour Un », et de ne pas dépasser 5000 caractères. Nous aurons un retour de Concours d’écriture régional courant mai.

L’imagination des Cycle2 les a emportés vers l’élément aquatique:)) Portés par leur expériences personnelles et leur créativité ainsi qu’aidés par quelques ressources documentaires découvertes en classe, les élèves ont proposé des idées, des étapes, des formulations qu’il leur a fallu valider collectivement à chaque fois. Cela a exigé de définir les étapes d’un récit, et aussi de mettre en oeuvre des compétences de coopération. Bonne lecture !

Je m ’appelle Camille, j’ai 10 ans et vraiment dans m a vie tout va bien. J’ai un papa, une maman, un frère et une sœur, j’ai
même un chien ! Mon frère et m a sœur jouent tout le temps avec les voisins, et ils m e laissent bien tranquille. Papa et maman,
ils sont toujours occupés ensemble. Alors vraiment je n’ai pas à m e plaindre, je suis vraiment très tranquille.
Être tranquille, ça m e laisse le temps de rêvasser. D’être la tête dans les nuages, com m e dit Mam an. Et quand je rêve
vraiment, je vois…
Je vois tellement de choses. Un podium . Une médaille autour de m on cou. Et les larmes dans les yeux de m a m ère. Oui, tout
cela je le vois. Je l’imagine, surtout.
Si j’avais un ami ou un adulte à qui parler, je lui dirais m on secret. Mais je ne peux le dire à personne. Je ne peux que l’écrire ici.
Si j’avais un super-pouvoir, ce ne serait pas celui de voler. Non. Ni celui de parler la langue des animaux. Pourtant j’adorerais !
Non, m on rêve, ce serait d’être un enfant normal.
Un enfant qui n’entendrait pas à longueur de journée : « Fais attention à ne pas te faire m al, Cam ille »; « Non, laisse, je vais le
faire à ta place, Camille ». « Reste tranquille, Camille. »
Mais j’en ai marre, moi ! Marre de devoir rester tranquille ! Je ne suis pas fragile, je ne suis pas une demi-personne, pas un bébé.
Je suis quelqu’un. Quelqu’un qui compte. Quelqu’un qui a des rêves. Quelqu’un qui, un jour, malgré tout ce que les autres
pensent, malgré m on handicap pas si invisible, montera sur la première m arche du podium des Jeux Olym piques. Et ils verront
de quel bois je m e chauffe ! De quel m étal sont faits m es rêves !
Parce que l’important n’est pas de participer, M. de Coubertin. Mais d’essayer ! Et impossible n’est pas Camille !

————————————————- notre production collective : —————————————-


« Depuis peu, j’ai découvert ce qui me donne envie de me surpasser : la natation synchronisée ! C’est la seule
activité que mes parents m’autorisent. Depuis que je suis toute petite, je sens qu’ils veulent me protéger bien
plus que mon frère et ma sœur à cause de la choroïdérémie, une maladie génétique dégénérative qui m’a
rendue malvoyante. En plus, suite à un accident de la route, je dois porter un œil de verre..
Au début, j’allais à la piscine juste pour y apprendre à nager. Les entraînements avaient lieu tous les mercredis
et samedis. J’ai de suite adoré ! Je me sentais tellement libre dans l’eau sans vraiment être gênée par mon
handicap. Pour protéger ma prothèse oculaire, il me suffisait de porter mes lunettes de piscine, et alors, j’étais
comme les autres enfants. Il y avait une autre petite fille, Léa, avec qui je me suis entendue de suite. Elle m’a
appris des petites chorégraphies aquatiques que nous avions plaisir à reproduire. Avec ses instructions
orales et toutes les sensations que je ressentais dans l’eau, j’arrivais à la suivre. Nous étions tellement
contentes à la fin du cours de présenter notre petit spectacle à notre entraîneur et aux autres camarades!
Mon entraîneur Axel voyant mes progrès et mon bien-être m’a proposé de rejoindre un groupe de 5 filles qu’il
entraînait pour faire de la natation synchronisée. Ces petites filles partageaient la même difficulté que moi : elles
portaient elles-aussi un handicap. Mes parents ont accepté. Depuis le début, ils voyaient bien que je
m’épanouissais de plus en plus. Ainsi Pauline, Manel, Romane, Emma, Lia et moi faisons équipe. Entre nous, le
courant est passé immédiatement. Moi qui me sentais tellement seule avant, je me sens entourée et forte d’être
avec des copines qui ont la même passion. Entre nous, il n’y a jamais de jugement. Notre bonne entente nous
permet d’apprendre ensemble, à nous encourager et à donner le meilleur de nous-mêmes. Nos entraînements
sont ritualisés : un temps de musculation dans la salle de sport puis des exercices dans l’eau pour apprendre
le coupe-coupe puis l’enchaînement de quelques postures ensemble. Sous la voix forte de Axel, nous
essayons de nous coordonner. J’adore les efforts que cette discipline demande : le gainage, l’apnée, pouvoir
évoluer dans tous les sens et toutes les dimensions, bouger, sourire et j’adore aussi évidemment mon équipe:
c’est fou ce que l’on se sent fortes ensemble ! J’apprends tellement :l’entraide, le soutien, la persévérance, le
perfectionnisme.
De semaines en semaines, nous préparons un spectacle. La date arrive enfin. Mon équipe et moi avons
énergiquement préparé notre tableau. Pour l’occasion, mes parents, mon frère, ma sœur, même ma tante
viennent offrir leurs encouragements. Je suis un peu stressée avant de rentrer dans le bassin sous le regard
de Tata Virginie car c’est une ancienne championne de natation synchronisée. Elle a participé aux J. O. de
Sydney en 2000. Finalement le spectacle se déroule à merveille ! Toutes les six, nous sortons de l’eau sous un
tonnerre d’applaudissements. J’entends les fiers encouragements de mes parents. Plus tard dans la soirée, je
vois ma tante s’entretenir avec Axel. Quelle surprise de la voir à l’entraînement qui suit ! Epatée par notre
représentation et consciente de notre potentiel, elle a convaincu Axel de venir compléter notre formation.
A partir de là, l’entraînement s’intensifie : de 2 nous sommes passés à 4 entraînements semaine. C’est plutôt
éprouvant mais l’envie de performer nous permet de progresser. A tel point que Tata nous inscrit à notre
première compétition. Nous sommes toutes les six agitées. Nous choisissons ensemble notre musique, notre
maillot de bain, les étapes de la chorégraphie, nous nous appliquons encore plus dans nos exercices de
souplesse et de musculation. Ainsi, nous allons concourir à Brest contre 5 autres équipes. Sous les conseils
des coachs, nous rentrons dans notre bulle de concentration et nous réussissons parfaitement notre
présentation tant de fois répétée. Nous obtenons de loin la meilleure note en technique et aussi en impression
artistique. Victoire ! Nous remportons la première place ! Nous montons sur la première marche du podium !
Ensemble, nous tendons le cou pour recevoir notre première médaille d’or. Maman vient, me serre fort dans
ses bras et me sourit les yeux tellement brillant de fierté. Depuis ce jour, ma famille me regarde autrement. »
Cette réussite permet aussi d’envisager de nouveaux projets. Tata a gardé des contacts au Comité
Olympique. Il y a très peu d’équipes dans notre catégorie. Nous avons déjà le niveau requis mais l’âge
minimal pour participer aux Jeux Olympiques est de 15 ans. Il va nous falloir encore patienter un peu avant les
prochains mais c’est promis, nous serons à ce rendez-vous ensemble ! J’y mettrai toute mon énergie, mon
courage et ma détermination. »